C’est la conjugaison d’un travail de recherche, d’une étude clinique à succès et d’un brevet CHUV qui vient d’aboutir à un très beau succès international pour le Service d’urologie : l’administration d’un nouveau traitement du cancer de la vessie non-musculo invasif vient d’avoir lieu sur le premier patient du genre humain aux Etats-Unis.
Le traitement est basé sur l’immunothérapie et consiste à utiliser une bactérie issue de la famille des salmonelles (salmonella) administrée par voie intravésicale dans le but de stimuler la réponse immunitaire contre la tumeur.
Etude clinique en route
C’est Prokarium, société britannique biopharmaceutique qui conçoit des remèdes vivants grâce à une biologie synthétique de pointe, qui est la détentrice de la licence exclusive d’exploitation de ce brevet made in CHUV. C’est elle qui assure cet essai clinique de phase I (PARADIGM-1) chez des patients atteints d’un cancer de la vessie non-musculo invasif (NMIBC en anglais)
L’étude est menée sur plusieurs sites cliniques à travers les États-Unis et évaluera initialement la sécurité d’une administration intravésicale unique de leur immunothérapie expérimentale.
Cette étude représente un grand espoir pour toute une frange de la population atteinte par ces cancers de vessie non-musculo invasifs (voir ci-dessous).
Une découverte made in CHUV !
C’est à l’origine dans le Service d’urologie du CHUV, alors sous la responsabilité du Prof. Patrice Jichlinski, du Pr Beat Roth et de la Dre Ilaria Lucca (désormais nouvelle cheffe a.i du Service d’urologie), que le vaccin Salmonella Ty21a avait fait l’objet d’un premier essai clinique de phase I (2018-2021), soutenu par le Fonds National Suisse et une bourse InnoSTEPCe dernier visait à établir la sécurité du dosage et mettre en évidence des réponses immunitaires prometteuses. La découverte de l’utilisation de cette bactérie contre le cancer de la vessie et le brevet déposé, à l’origine du succès, revient aux inventeurs : Dre Denise Nardelli-Haefliger, Pr Patrice Jichlinski et Dre. Sonia Domingos Pereira.
Et c’est le PACTT, Office de transfert de connaissance et de technologie UNIL-CHUV qui avait accompagné toute la démarche des chercheurs. Il est intervenu tout au long du processus vers la commercialisation d’une invention pour le bénéfice des patients : dépôt d’un brevet, contribution au financement de la réalisation de la preuve de concept (1er essais phase clinique I) par l’attribution d’une bourse InnoSTEP, recherche de partenaires commerciaux, négociations de contrats d’option, de licence et de recherche.
« Il s’agit de l’accomplissement du premier milestone décrit dans la licence et générant un retour pour les institutions et les inventeurs et nous sommes très fiers de cette concrétisation qui valorise non seulement le travail des équipes de recherches du CHUV mais qui permettra à de nombreux patients de bénéficier d’un nouveau traitement efficace » commente Anne-Renée Leyvraz, chargée de valorisation au PACTT.
Une recherche de pointe qui rend fière le Service d’urologie du CHUV
« Depuis le lancement de notre collaboration avec Prokarium en 2019, notre équipe du service d’urologie du CHUV a généré un solide ensemble de données précliniques démontrant que la bactérie Salmonella ZH9, propriétaire de Prokarium, génère des réponses immunitaires quantitativement et qualitativement supérieures, avec des cinétiques différentes par rapport au traitement standard », a déclaré le Dr Denise Nardelli-Haefliger, responsable de l’Unité de recherche en urologie. « Avec les Professeurs Patrice Jichlinski, Beat Roth, Ilaria Lucca et Sonia Domingos-Pereira, nous sommes ravis de voir que les résultats de notre collaboration ont le potentiel d’allonger l’intervalle sans maladie et d’améliorer la qualité de vie des patients atteints de cancer de la vessie non-musculo invasif».
Si le dépôt du brevet de la fameuse découverte remonte à 2013, la signature de la licence en 2022 assure ainsi le développement et la commercialisation de ce traitement innovant, découvert au CHUV !
A propos du cancer de la vessie non-musculo invasif
Le cancer de la vessie représente 5 % de tous les nouveaux cas de cancer aux États-Unis et 550 000 nouveaux cas par an dans le monde. Le stade clinique est déterminé par la profondeur de l’invasion dans la paroi de la vessie. Plus de 70 % des cas sont diagnostiqués à un stade précoce, également connu sous le nom de cancer de la vessie non-musculo invasif (NMIBC). Malgré un diagnostic précoce, les seules thérapies approuvées pour ce stade du cancer sont le bacille de Calmette-Guérin (BCG), qui fait souvent l’objet de pénuries, et différents types de chimiothérapies, toutes deux administrées par voie intravésicale. En raison de son incidence élevée et du nombre limité d’options thérapeutiques, le NMIBC reste un énorme besoin médical non satisfait, en passe de l’être si les résultats de l’étude clinique en cours confirment leurs promesses d’espoir.